J’ai tellement mal.
Mon corps tremble. Ma tête veut exploser.
Pourtant, je suis couchée dans mon lit, avec mon pyjama bleu.
Dans ma chambre. Dans ma Zone.
Je suis en sécurité, dans ma Zone, alors... Pourquoi j’ai aussi mal?
Est-ce à cause de mon devoir de maths? Je n’y comprends rien.
Est-ce à cause de cette fille à l’école? Elle m’a dit quelque chose de méchant.
J’ai oublié son nom. Mel... Quelque chose.
Mélanie? Mélissa? Mélinda?
Mel...
Qu’importe!
Je vais dormir. Oui, je vais dormir.
Me déconnecter de la Réalité. Me déconnecter des Autres. Me déconnecter de la douleur.
Je ferme les yeux. En douceur...
Un rêve me vient. Un rêve agréable.
Je suis dans une prairie en fleurs, puis viens le brouillard.
Serait-ce... l’Inconnu?
Non, non, non, non.
Je suis dans un rêve.
Dans. Un. Rêve!
L’Inconnu ne peut pas venir ici.
Il... Il ne peut pas.
Il ne peut pas. Il ne peut pas. Il ne peut pas. Il ne peut pas. Il ne peut pas. Il ne peut pas. Il ne peut pas. Il ne peut pas. IL NE PEUT PAS! IL NE PEUT PAS!!!!
Soudain, j’ouvre les yeux et je vois le plafond. Ce n’est pas mon plafond. Mon plafond, celui de ma chambre, est blanc.
Ce plafond-là est orange.
En panique, je me lève. Les murs sont orange. Mon ordinateur a disparu. Mes meubles ont disparu. La Réalité entre dans mon esprit aussi rapidement et violemment qu’un raz-de-marée.
Je ne suis pas dans ma chambre.
Je ne suis plus chez moi.
Je suis dans la chambre d’un inconnu.
Je suis dans l’Inconnu. L’Inconnu, le grand et puissant Inconnu. Il sait me faire souffrir, l’Inconnu. Je crois, de toutes mes forces, que nous serons toujours en guerre.
La douleur est tellement intense. J’ai envie de pleurer... Devrais-je?
Non. Je me retiens. Les Autres... Si je pleure, ils vont se moquer de moi. Hors de question! Je dois trouver un moyen. Un moyen de chasser la douleur et l’Inconnu au loin.
Soudain, j'entends des pas. Quelqu’un vient par ici et rapidement. Puis j’entends une voix, de l’autre côté de la porte. Une voix de fille.
Fille : Ça va?
Oh, oh! C’est une Autre. Je dois lui répondre et vite!
Moi : Oui, je vais bien.
Fille : Je vois. Euh... Je vais entrer, ok?
Pourquoi elle me pose cette question? D’habitude quand les Autres veulent aller à un endroit, ils y vont, point. Je veux lui répondre, mais je ne sais pas quoi lui dire. Honnêtement, je ne veux pas qu’elle entre. Trop tard. Elle vient d’entrer.
Devant moi se trouve une jeune adolescente blonde. Elle a des petits yeux bleus. Je n’ai jamais vu d’yeux aussi petits auparavant. Je n’ai jamais été bonne pour décrire les gens, mais elle a coiffé ses cheveux en une longue tresse. Cheveux d’un blond miel, pour être plus précise. Quant aux yeux, il m’est difficile de dire la couleur exacte du bleu. Elle porte un pyjama rose fluo, ce qui ne va pas du tout avec le teint clair de sa peau. En me voyant, la fille devient nerveuse. Va-t-elle se moquer de moi?
Fille : Salut!
Non. Elle voulait juste me saluer.
Moi : Euh... salut.
Fille : Tu t’appelles comment?
Moi : A...Alice.
Fille : Alice... qui?
Alice : ?
Pourquoi veut-elle savoir mon nom de famille? Pour me rire en pleine face, sans doute.
Fille : Je m’appelle aussi Alice, Alice D, et je veux éviter toute confusion. Alors, c’est Alice qui?
Alice Lorange : C’est Lorange, comme une orange. Allez, vous pouvez rire maintenant.
Alice D : Hen? Pourquoi je rirais de toi?
C’est bizarre. D’habitude les Autres rient tout le temps, alors… pourquoi?
Alice D : Lorange, cela colle avec tes cheveux.
Alice Lorange : De la colle dans mes cheveux?
Alice D : Non, non, c’est une expression! Tu es rousse... et Lorange, une orange, ça colle, ça va bien ensemble!
Je me sens idiote. Les expressions, les mots à double sens, les non-dits... Ce sont tous des mystères pour moi, comme un casse-tête insoluble. J’ai dû en apprendre plusieurs par cœur, mais il y en a encore beaucoup qui m'échappent. Même si j'en connais quelques-uns, cela ne veut pas dire que je les comprends. Malgré tout, j'en aime certaines, comme celle avec la fameuse «croûte».
Alice D : C’est quand même incroyable. Avec toi, cela fait Quatre Alice!
Alice Lorange : Quatre Alice?
Alice D : Oui, Alice Brown, Alice Kurosawa, toi et moi. D’ailleurs, nous nous adressons avec nos noms de famille, à la japonaise, et tu sais pourquoi.
Je n’ai jamais été une fan d’Anime, mais je dois reconnaitre que cette idée est géniale.
Lorange : C’est une idée géniale! Je suis donc Lorange.
D : Exact et je suis D.
Lorange : D? C’est pour Denton?
D : Non, juste D. Tu dois te sentir perdue. C’est normal. Je l’étais aussi quand je m’étais réveillée ici.
Lorange : Ici?
D : Dans cette maison... Hé, si tu veux, je peux te présenter à Brown et à Kurosawa.
Lorange : Je n’aime pas rencontrer d’autres personnes...
D : Pardon?
Lorange : Je disais que ce serait super!
D : Cool! Allons-y!
Nous sortons de la chambre aux murs orange. Ma douleur semble partie.
Je suis maintenant dans un grand corridor, avec plusieurs portes. Étrangement, il y a un mot écrit sur la plupart d’entre elles. «Alice» suivi d’un cercle coloré. D m’explique que ce sont nos «chambres», identifiées selon nos noms et la couleur de nos cheveux.
La mienne a un cercle orange parce que je suis rousse. D est blonde. Le cercle de sa chambre est jaune. Brown a un cercle brun. C’est une brunette. Kurosawa a un cercle noir. Ses cheveux sont de la même couleur. La porte où il n’y a rien d’écrit est la salle de bain. Au bout du couloir, il y a une trappe pour le grenier. À son autre extrémité, il y a les escaliers pour le premier étage.
D se dirige à la chambre de Brown et je la suis. Elle cogne. Aucune réponse.
D : Brown, t’es là?
Silence total.
D : Nous avons une nouvelle venue. Alice Lorange. Je veux te la présenter.
Toujours rien.
D : Brown?
Lorange : Pourquoi vous n’entrez pas?
D : Par les pirojki, ce serait de la folie! Je ne veux rien dire de méchant, car c’est une enfant, mais Brown est bizarre.
Lorange : Bizarre? Comment ça bizarre?
D : Elle pleure souvent, elle déteste être touchée, elle ne tolère aucun «intrus» dans sa «fausse-chambre», elle mange à des moments bien précis, elle est aussi difficile sur la nourriture, il y a des objets qu’elle refuse carrément de toucher... Tout un phénomène!
Alice Brown.
Ce n’est pas une Autre.
Elle est comme moi.
Avant que D ne puisse m’arrêter, j’ouvre doucement la porte, j’entre dans la chambre et je la referme sans faire de bruit.
Je vois une petite fille couchée sur le lit. Elle est en train de lire un livre et elle semble plongée dedans, car elle ne m’a pas remarquée. Elle a de courts cheveux brun chocolat, la peau foncée et ses yeux sont marron. Sa tenue est une simple robe de nuit blanche. Je crois qu’il est important de le dire, mes yeux sont verts.
Je regarde son livre et je reconnais le titre.
Lorange : Alice aux pays des merveilles.
Brown : !!!
Elle referme brusquement le livre, se lève d’un bond, et elle me crie dessus.
Brown : SORS DE MA CHAMBRE!!!
Lorange : Je...
Brown : J’AI DIT... SORS. DE. MA. CHAMBRE!!!
Je dois l’apaiser.
Lorange : Veuillez me pardonner. J’ai pénétré votre Zone sans votre consentement.
Brown : C’est quoi, tous ces grand mots? Je ne comprends pas.
Lorange : C’est votre Zone, non?
Brown : Une zone? Quel genre de zone?
Lorange : Votre Zone. Votre Santuaire. Votre Abri. Votre Protection. Votre Point de Sauv... AH!
Brown : HA HA HA! Un point de sauvegarde! C’est TROP drôle! T’es une gameuse?
Lorange : Euh... oui?
Brown : «Oui?» C’est un vrai oui ou bien...
Lorange : Pardon. C’est un vrai oui.
Brown : Cool!
Sa colère semble partie.
Brown : Alors, t’es la nouvelle Alice?
Lorange : Oui. Aviez-vous entendu D tout à l’heure?
Brown : Ouais, mais je l’ignore. Je ne veux pas qu’elle entre dans ma fausse-chambre.
Voix de D : HÉ, JE T’ENTENDS!
Lorange : «Fausse-chambre»?
Brown : Oui, car c’est pas ma chambre. Ma vraie chambre, à la maison.
Je reste songeuse, puis je demande à Brown depuis combien de temps elle est ici.
Brown : Je dirais 72 heures. D est là depuis 3 jours et Kurosawa 1 semaine.
Lorange : UNE SEMAINE ?!?
Brown : Ouais. Nous sommes prisonnières. Il n’y a pas de moyen de sortir.
Je commence à me sentir mal. L’Inconnu est toujours proche. Je dois faire quelque chose. Me changer les idées.
Lorange : Je suis Lorange. Vous savez, comme une orange. Le livre que vous lisiez, c’était bien Alice aux pays des merveilles?
Brown : Oui. La version originale.
Lorange : Quoi? En anglais?
Brown : C’est ça.
Lorange : Mais j’ai vu le titre français sur la couverture!
Brown : En français? Oh. Bien sûr.
Elle m’explique qu’il y a un phénomène inexpliqué dans cette maison. Toutes les langues parlées et écrites sont automatiquement traduites pour être comprises par tous.
Brown : Je suis américaine. Je parle et je lis l’anglais. D est russe et Kurosawa est japonaise. Elles parlent à peine l’anglais et on se comprend sans soucis. J’ai déjà emprunté un livre qui était dans la chambre de Kurosawa. C’était d’un auteur japonais et non-traduit mais, dans mes mains, c’était écrit en anglais. Tu disais que le titre du livre était en français... Tu viens de la France?
Lorange : Non, du Canada. Je suis québécoise. Si je peux me le permettre, quel âge avez-vous?
Brown : J’ai 10 ans. D à 14 ans. Kurosawa en a 25.
Voix de D : Est-ce que je peux entrer?
Brown : NON!
Voix de D : Mais Lorange est déjà là! D’habitude, tu ne laisses PERSONNE entrer!!!
Brown : Mais j’aime bien Lorange. T’as quel âge?
Lorange : Moi? 16 ans... et pourriez-vous laisser entrer D?
Brown : Non!
Lorange : Même pas pour moi?
Brown : Euuuuuuuuh. Bon d’accord!
D n'en revient pas. Dès qu’elle rentre, elle me fait un long discours à ce sujet. Brown se contente de l’ignorer. Dès que D a terminé tout son bla-bla-bla, je lui demande plus d’informations sur ce qu’avait dit Brown.
Lorange : Sommes-nous vraiment prisonnières de cette maison?
D : Nous devrions aller voir Kurosawa. Elle en sait bien plus que moi là-dessus.
Lorange : Mais...!
D : Oui. Nous sommes piégées dans cette maison. Par qui et pourquoi? Mystère.
Ne voulant pas céder à la panique, et donner à l’Inconnu de la force, je dis au revoir à Brown et je pars à la recherche de Kurosawa avec D.
Alice Kurosawa n’est pas dans sa chambre. D et moi allons au premier étage. J’en profite pour demander à l’Alice blonde quelles sont les pièces de cet étage.
Elle me dit qu’il y a la cuisine, le salon, la salle à manger, le hall d’entrée, une porte menant à la salle de bain, et une autre porte pour la cave.
D : À la cave, il y a une autre salle de bain, une autre chambre et une porte mystérieuse. Je déteste y aller. Cela me fait flipper.
Lorange : Pourquoi? Je ne comprends pas.
D : Bien… la chambre a plein de livres parlant de magie noire. La salle de bain a de grands miroirs sur ses murs et du sang partout. La porte mystérieuse est verrouillée avec des grosses chaines noires. Tu sais, comme dans Silent Hill 4.
Lorange : Oh non, pas The Room!
D : Euh... je ne pense pas que l’on parle de la même chose. MISS KUROSAWA?
La voix de Kurosawa se fait entendre de loin. Elle dit qu’elle se trouve au salon. Nous allons la retrouver.
Kurosawa : Miss D?
D : Miss Kurosawa. Voici Alice Lorange. Elle vient d’arriver.
Lorange : En...Enchantée de... de vous... r...rencontrer...
Je n’ai jamais aimé rencontrer des nouvelles personnes, car cela est difficile pour moi mais, là, c’est extrême. Alice Kurosawa est une très belle femme japonaise, vêtue d’une chemise de nuit rouge. D’habitude, je me fiche de la beauté extérieure mais, à cet instant, je me trouve tellement pathétique comparativement à elle. Mes cheveux roux, mi-longs et en désordre semblent bien ternes comparés à sa chevelure noir de jais, qu’elle a attaché en un chignon.
D : Lorange, ça va?
Lorange : O...oui... je...
Kurosawa : Ne laissez pas mon apparence vous distraire.
Lorange : C-Compris!!!
D soupire.
Kurosawa : C’est un honneur de vous rencontrer, Quatrième Alice.
Lorange : «Quatrième Alice»?
Kurosawa : Oui. Vous être la Quatrième Alice à arriver dans cette maison. Il n’y a que quatre chambres. Je ne crois pas que d’autre Alice vont venir. C’est mieux ainsi.
Lorange : Si je suis la Quatrième, vous êtes...?
Kurosawa : La Première Alice. D est la Deuxième, Brown la Troisième.
Lorange : Alors le D, si c’est pas pour Denton, c’est pour Deuxième!
D : NON ET NON!
Lorange : Pardon.
Kurosawa : Je suis sûre que vous avez bien des questions en suspens. «Où suis-je? Suis-je enfermée dans cette maison? À qui appartient-elle ? etc» Mes connaissances sont limitées, mais...
Elle m’explique qu’il est impossible de sortir de la maison. Elle a pourtant tout essayé. La porte du hall d’entrée, les fenêtres... À chaque fois que Kurosawa voulait sortir, son corps basculait dans des ténèbres et elle se retrouvait dans sa chambre, celle avec le cercle noir sur la porte. D et Brown ont aussi essayé, avec le même résultat. Kurosawa me dit aussi que le temps semble être figé en ce lieu, car toutes les horloges sont fixées sur l’heure du midi. Les fenêtres donnant sur l’extérieur montrent toujours la même chose : un soleil brillant. Également, le réfrigérateur ne se vide jamais et son contenu est toujours changeant.
Kurosawa : Un exemple. Hier, je voulais des sushis. Il n’y en avait aucun dans le frigo. Je suis revenue dix minutes plus tard, il y en avait dix. J’en prends un et je retourne voir une demi-heure plus tard. Aucun sushi en vue.
Lorange : Brown et D les ont peut-être mangés...
D : Non. C’est le Réfrigérateur du Chaos! Toujours changeant, sans logique.
Le chaos. L’Inconnu. Je ne suis pas au bout de mes peines!
Kurosawa : Si vous le voulez, vous pouvez essayer. Le réfrigérateur ou la sortie.
C’est une bonne idée. Que vais-je essayer? Le réfrigérateur. Je vais à la cuisine pour l’essayer. Je l’ouvre et je vois une laitue, des pommes, un poulet, une dinde, une pièce de bœuf, et d’autres trucs. Je le referme et j’attends 1 minute. Après avoir attendu, j’ouvre le frigo à nouveau. Son contenu a complètement changé. Je n'en reviens pas!
D : Le Réfrigérateur du Chaos. Il porte bien son nom.
Lorange : D! Je ne vous avais pas vue arriver.
Voix de Brown : NE LE FERME PAS TOUT DE SUITE!
Elle arrive, à bout de souffle, et elle va jeter un coup d’œil au réfrigérateur.
Brown : NOOOOOOOOOOOON!
Lorange : Qu… Qu’il y a-t-il?
Brown : Il n’y a pas de yogourt!
Lorange : Mais si, j’en vois.
Brown : Oui, mais ils sont à la vanille!
Lorange : Et alors?
Brown :JE DÉTESTE LA VANILLE!
D : Et pleins d’autres choses.
Brown : T’AS DIT QUOI, LÀ?
Kurosawa arrive aussitôt pour calmer Brown. Tout ce brouhaha… je déteste. Je me retire sans faire de bruit.
Maintenant, où vais-je aller? À la chambre orange.
Je retourne à la chambre orange pour me reposer un peu. Je me couche dans le lit et je réfléchis.
Cette maison, les trois Alice, l’Inconnu, les Autres… et moi. Alice Brown est comme moi. Cela me rassure. Alice D et Alice Kurosawa sont des Autres, j’en suis sûr. Cela me stresse. Je dois être prudente où je vais souffrir.
Tout à coup, une mystérieuse créature traverse un mur et elle s’approche lentement de moi. Son apparence est abstraite, mais elle me fait penser à un nuage de fumée violettes avec des yeux jaunes et brillants. Elle ne semble pas gentille, alors je me sauve. Dans le corridor, je tombe sur Kurosawa.
Lorange : Kuro… Miss Kurosawa! Il y a une chose dans ma chambre! Enfin, ce n’est pas vraiment ma chambre, ma «vraie» chambre, mais bon…
Kurosawa : Cette chose… pouvez-vous me la décrire?
Lorange : Pas besoin, la voilà!
Kurosawa : Vite, il faut se cacher!
Elle va se cacher dans sa chambre. Où vais-je me cacher? Au grenier.
Je vais au grenier. Tout est en désordre. Cela me lève le cœur. Au moins, il y a plein de cachettes.
Je me cache et j’attends… Au bout de quelques minutes, je sors de ma cachette et je vais retrouver Kurosawa.
Sans perdre une seconde, je lui demande des explications.
Kurosawa : Je ne sais pas grand-chose. Ces… créatures… J’ignore leurs noms. Elles hantent cette maison et elles veulent nous tuer.
Lorange : Et vous n’avez pas pensé me prévenir avant?
Elle fronce les sourcils et, le temps d’un instant, ma respiration se coupe. Elle est en colère. Les Autres… J’aurais dû me taire! Kurosawa va me faire mal, comme toutes les Autres avant elle. Elle… Elle… Elle va…
Kurosawa : Miss Lorange? Vous allez bien? Vous tremblez et votre regard… on dirait que vous allez mourir de peur!
Je ne peux pas me retenir, me contrôler. Je ne veux pas avoir mal.
Lorange : Je… Je ne vais pas me laisser faire, cette fois-ci!
Kurosawa : Pardon?
Lorange : Vous… les Autres, vous êtes tous pareils!
Kurosawa : Je ne comprends pas.
Lorange : Toujours à vouloir me faire mal parce que…
Kurosawa : Parce que quoi?
Lorange : Parce que je ne suis pas une Autre!!!
Kurosawa : …
Lorange : Brown est comme moi. Vous lui faites mal, à elle aussi?
Kurosawa : … Oh, je crois que j’ai compris.
Lorange : Si…
Kurosawa : Miss Lorange. Je vais vous arrêter tout de suite. Je suis comme vous.
Lorange : !!!
Kurosawa : Par «Autre», vous voulez dire une personne «normale», non autiste, n’est-ce pas? Eh bien, je veux le renier, mais…
Lorange : Vous… vous n’êtes pas…?
Kurosawa : Oui. Je ne suis pas une Autre.
Lorange : D’acc…ord… mais D?
Kurosawa : D? Elle est autiste aussi. Il suffit de voir sa réaction quand elle doit toucher du papier! Elle dit que cela lui « brûle » la peau.
Le papier me brûle aussi la peau. Certains tissus aussi. Je n'en reviens pas. Quatre Alice, toutes autistes, prisonnières d’une maison hantée par des créatures tueuses. Cela ferait un bon roman ou un jeu vidéo!
Lorange : M…Miss Kurosawa… je dois m’excuser.
Kurosawa : Pourquoi? Vous avez rien fait de mal.
Lorange : M…Mais…!
Kurosawa : Les Autres vous ont-ils blessée au point que vous avez peur de parler? Que vous sentez le besoin de devoir contrôler la moindre de vos paroles, le moindre de vos gestes?
Lorange : Oui et non. Cela dépend. Pourquoi vous me posez cette question?
Kurosawa : Parce que c’est mon cas. Je dois me contrôler tout le temps, sinon… ma famille, ma réputation… Tout serait perdu.
Je voulais l’interroger sur sa famille, mais Kurosawa refuse de me dire quoi que ce soit. Je change donc de sujet.
Lorange : Nous devons trouver le moyen de sortir d’ici et en apprendre plus sur ces créatures. Elles doivent avoir un point faible quelconque.
Kurosawa : J’ai déjà essayé d’en affronter une. Les attaques physiques n’ont aucun effet.
Lorange : Vous l’avez attaqué avec quoi?
L’Alice japonaise se retient de rire.
Kurosawa : Avec un balai en bois.
Je me retiens d'éclater de rire. C’était trop drôle.
Lorange : Malgré tout, je suis sûre qu’en cherchant, nous pouvons trouver une solution. Peut-être au grenier?
Kurosawa : Bien que je déteste aller au grenier (tout ce désordre! UN DÉSHONNEUR!), je veux bien vous accompagner… euh… et fouiller un peu.
Lorange : Bien! Je vais demander l’aide des autres Alice.
Avant que Kurosawa ne puisse me prévenir, je trouve Brown et D à la salle à manger. Dès que je leur demande d’aller au grenier, les deux filles se mettent à crier qu’elles ne veulent pas y aller. Je leur demande pourquoi. Brown me dit qu’elle déteste le désordre, tout comme Kurosawa. D m’explique qu’il y a du carton, du papier et d’autres choses qui lui «brûlent» la peau. Je leur rétorque que j’ai aussi la peau sensible, mais que je vais quand même chercher, car je veux sortir d’ici et rentrer chez moi. Mon argument semble avoir de l’effet, car D accepte de venir. Brown refuse de changer d’idée alors je lui montre ma colère.
Lorange : BROWN! Nous allons toutes au grenier! J’ai bien dit «toutes»! Le papier et le désordre n’ont qu’à bien se tenir! C’EST. LA. GUERRE!
Elle accepte aussitôt d’aller au grenier et c’est la première à s’y rendre.
Au grenier, nous commençons les recherches. Celles-ci prennent bien du temps, car les créatures nous interrompaient souvent, nous obligeant à tout arrêter pour nous cacher.
Soudain, D nous appelle. Elle a trouvé quelque chose. Un gros carnet de notes tout poussiéreux.
Lorange : Pourquoi tu ne l’ouvres pas?
D : Le... le papier… t’as oublié?
Brown : Le papier ne me fait presque pas mal. Je peux l’ouvrir, si tu veux.
D : Ah bon?
Cela expliquerait comment elle arrivait à lire Alice aux pays des merveilles sans souci.
Lorange : De 1 à 10, combien?
Kurosawa : Pardon?
Lorange : La brûlure sur le papier, de 1 à 10, du plus faible ou plus fort…
Kurosawa : Oh, une mesure! Je dirais un 6.
D : C’est 10, non, un 9!
Lorange : 7 pour moi. Brown?
Brown : 4!
Lorange : … …
Brown prend le carnet des mains de D. Elle l’ouvre et feuillette quelques pages.
Brown : Cela ressemble à un journal intime.
D : Un journal intime dans un carnet de notes? C’est pas très intime!
Kurosawa : À qui appartient-il?
Brown : À un certain… voyons, voyons… Alarie.
Lorange : Alarie? C’est un prénom ou un nom de famille?
Brown : C’est son nom de famille. Son prénom, c’est Adelan et il est le propriétaire de la maison. Il a une femme, Alya Vouriot, et deux enfants, Amandine et Anicet. Après la mort de sa femme, il… il a changé.
Lorange : Comment ça, «changé»?
Brown : Cela fait cliché mais il s’intéresse à l’occulte et à la magie noire. Il parle aussi des créatures, celles qui hantent la maison. Ce sont des êtres féminins, appelés les dsgjksdg.
Lorange : Les quoi?
Brown : Les dsgjksdg. Ça se traduit par «Traces». Il y a beaucoup de texte manquant, comme s’il avait été effacé mais, si j’ai tous compris, c’est Adelan qui les aurait invoqué de leur monde. Probablement pour ressusciter son épouse. Après avoir découvert que ce sont des créatures dévoreuses d’âmes – elles auraient tué ses enfants – il a tenté de les détruire, sans succès. Pour les empêcher d’envahir le monde – Son Monde, par la nôtre sur la Terre – Adelan a mis sa maison dans un «Domaine», une dimension isolée du monde extérieur, grâce à un rituel.
Lorange : Et ensuite?
Brown explique qu’Adelan s’est suicidé, ne voulant pas laisser aux Traces l’honneur de le dévorer. Son journal ne révèle pas d’autres informations.
D : C’est bien. Nous savons où nous sommes, dans la maison d’Adelan Alarie, scellée dans un «Domaine», et nous savons que les créatures sont des «Traces», mais comment partir ici?
Je me souviens, quand D m’avait parlé de la cave, qu’elle avait dit que la chambre avait des livres parlant de magie noire. Les réponses sont peut-être là-bas?
Lorange : Je sais! Allons voir à la chambre de la cave!
Brown crie qu’elle ne veut pas aller à la cave et je dois à nouveau la convaincre.
La cave.
Une pièce aux murs décrépis.
Trois portes : l’une propre, l’autre ensanglantée, la dernière avec les chaines.
Lorange : Euh, D?
D : Oui?
Lorange : La porte aux chaines… Elle n’est pas du tout comme celle de Silent Hill 4!
D soupire, tout en me disant que cet endroit la fait toujours flipper. Kurosawa et Brown vont à la chambre pour commencer les recherches. D me demande si je veux aller jeter un coup d’œil à la salle de bain avec du sang partout. Je lui dis que «non». Nous allons donc rejoindre les deux autres Alice.
Les recherches reprennent et des Traces nous interrompent à nouveau. Malgré tout, nous trouvons rapidement d’autres informations.
Derrière la porte aux chaines se trouve le Cœur du Domaine, un cristal qui «contrôle» le Domaine, en maintenant la maison d’Adelan dans une autre dimension. Ce cristal aurait aussi le pouvoir de téléporter des êtres dans différents mondes.
Lorange : Nous pourrions l’utiliser pour rentrer sur Terre!
D : Mais il y a un hic. Si on fait ça, le Domaine va disparaître. Les Traces seront libres d’envahir le monde d’Adelan et de tuer des innocents.
Lorange : …
D : De toute façon, les chaines sont magiques. On ne peut pas les briser.
Brown : Est-ce ce cristal qui nous aurait invoqués ici?
Kurosawa : Peut-être… mais pourquoi? Pour «nourrir» les Traces?
Lorange : Je pense plutôt que ce sont les Traces elles-mêmes qui nous auraient invoqué pour se casser la croûte.
Brown : Une croûte? Où ça?
D : C’est une expression, Brown!
Brown : Oh!
Lorange : Alors… que faisons-nous maintenant?
Soudain d’autres Traces arrivent. Nous fuyons dans la grande pièce pour monter les escaliers, mais d’autres créatures nous bloquent la route. Nous allons donc à la salle de bain. Comme D me l’avait dit, il y a du sang partout. Les grands miroirs sur les murs ne sont pas rassurants. Tout à coup, je vois des silhouettes dans les glaces.
Lorange : Vous voyez ça?
Brown : On dirait des Traces.
D : On est fichues, on est foutues!
Les silhouettes deviennent plus grandes et elles prennent une forme plus concrète. Des ombres. Nos ombres.
Kurosawa : Qu’est-ce que…?
Les ombres se mirent à parler et leur étrange langue est traduite au fur et à mesure.
Ombres : Nous sommes des Traces. Contrairement à nos sœurs, nous avons atteint le stade de la conscience humaine. Le «cycle des sacrifices» doit cesser… La Fusion ou La Mort. C’est à vous de choisir.
D : Je ne comprends rien, mais les Traces qui nous chassent vont bientôt arriver!
Brown : Lorange, on fait quoi?
Traces : La Fusion ou la Mort.
Lorange : Je… euh… La Fusion!
Après avoir fait mon choix, les Traces conscientes sortent des miroirs et elles se dirigent vers nous. Tout devient noir et je me réveille dans la chambre aux murs orange. Tout en me demandant ce qui se passe, je vois que les meubles ont disparu. Il y a un gros trou dans le mur.
Voix: Tu n’es pas curieuse?
Lorange : Qui a dit ça?
Trace : Moi. La Trace qui a fusionné avec toi. Je n’ai pas de nom.
Lorange : Hum. Une Trace… Tracy?
Tracy (?) : «Tracy»? C’est le nom que tu me donnes?
Lorange : Non, non! Euh… Heather, cela vous convient?
Heather : «Heather»? Pourquoi pas? Alors, pour ce trou, tu n’es pas curieuse?
Lorange : Euh… non, pas vraiment.
Heather : Tu ne vas pas aller dedans?
Lorange : Pourquoi je ferais ça?
Heather : Pour aider ton esprit. La fusion… cela demande beaucoup d’Énergie. Je ne voudrais pas que tu meures.
Lorange : Une minute! Suis-je en danger?
Heather : Cela dépend de toi. Si tu résistes à la fusion… si tu veux me détruire…
Lorange : Je pourrais mourir, c’est ça?
Heather : Pour faire simple, c’est ça. Nous, les Traces, vivons grâce à l’Énergie, Énergie que les âmes humaines possèdent. C’est pour cela que nous mangeons des humains que nous invoquons avec nos pouvoirs.
Lorange : Alors ce sont vraiment des Traces qui nous ont amenées à la maison d’Adelan?
Heather : Oui. Un autre «cycle de sacrifices»… Cycle = invocation des Traces. Sacrifices = un groupe d’humains partageant le même prénom. Depuis que nous avons gagné une conscience humaine, mes amies et moi sommes prêtes à tout pour les faire cesser! Savais-tu que le Domaine s’adaptait aux humains invoqués? C’est pour ça qu’il y a les chambres «Alice», les traductions des langues… mais pardon. Je parle, encore et encore, et rien n’avance! Veux-tu bien aller dans le trou?
Je ne pouvais pas refuser, alors je vais dans le trou et je rampe dans les ténèbres.
Ce qui suit est tellement étrange, que je pense être dans un rêve… ou plutôt dans un cauchemar. Je me retrouve aux Pays des Anormaux, une version étrange du Pays des Merveilles d’Alice aux pays des merveilles, et je dois revive des moments douloureux de ma vie. Je dois aussi combattre l’Inconnu. Le grand et puissant Inconnu. Ce foutu brouillard qui ne me laisse jamais tranquille. Pendant ces «Épreuves» (Heather les appelle ainsi), je rencontre des versions alternatives d’Alice Brown, d’Alice D et Alice Kurosawa. Brown est le Lapin, D est le Chat, Kurosawa est la Reine. D’eux, j’apprends des choses que les autres Alice n’auront jamais osé me dire.
Alice Brown, bien qu’elle ait une famille aimante, comme moi, se fait toujours intimider à l’école. Il y a même une fille qui lui donne toujours des raclées. Lors d’une journée où Brown avait ses règles, un groupe de filles avait exposé sa serviette souillée…
Alice D a été rejetée par sa famille due à son autisme et elle a été victime d’un viol alors qu’elle avait l’âge de Brown. D l’a toujours caché et elle a rapidement appris à imiter les Autres pour «survivre».
Alice Kurosawa doit toujours tout contrôler pour avoir «l’air normal». Elle ne veut pas déshonorer sa famille et ses amies. Sa famille a aussi arrangé un mariage avec un homme, oh fort bien, mais que Kurosawa n’aime pas.
Par la suite, je reprends conscience dans la salle de bain de la cave. Les Traces qui nous poursuivaient ont disparu.
Kurosawa : Miss Lorange! Vous avez réussi!
Lorange : Pardon?
Kurosawa : Vos Épreuves. Pour pouvoir vivre avec une Trace, il faut affronter nos peurs, nos démons, pour harmoniser notre Énergie. Enfin, c’est comme ça qu’Aya me l’a expliqué.
Lorange : «Aya». La Trace qui a fusionné avec vous?
Kurosawa : Oui. D et sa Trace, Rosa, surveillent les alentours, pendant que Brown et sa Trace, Elise, tentent de détruire les chaines pour accéder au Cœur du Domaine.
Lorange : Je croyais que nous ne pouvions pas les détruire.
Kurosawa : Seules, non, mais avec le pouvoir des Traces, oui.
Lorange : Si c’est le cas, pourquoi les Traces ne les ont pas détruites?
Heather : Mes sœurs non conscientes ne pensant qu’à manger…
J’entends Heather soupirer par la suite, puis la voix de Brown nous appelle.
Kurosawa et moi allons la rejoindre devant la porte aux chaines.
Brown : Elise n’est pas assez forte pour briser les chaines. À trois, je suis sûre qu’on peut y arriver!
Kurosawa : Bien. Miss Lorange, savez-vous quoi faire?
Lorange : Euh… faire quoi?
Heather : Je dois contrôler ton corps…
Lorange : QUOI?!?
Heather : Pour tenter de détruire les chaines.
Brown : Lorange?
Lorange : Je parlais à Heather. D’accord, et je fais comment?
Heather : Tu fermes les yeux, puis te me laisses me «réveiller».
Lorange : Vous réveiller? Mais vous êtes réveillée, vous me parlez!
Kurosawa : Miss Lorange. Vous devriez lui répondre mentalement.
Lorange : Oh… ok… Donc, je disais…
Heather : Je te parle, oui, mais je ne suis pas «réveillée». Je n’ai aucun contrôle sur toi. Tu dois me réveiller!
Lorange : Ok, ok!
Je me concentre puis je perds connaissance.
Quand je reviens à moi, je vois D - ou plutôt Rosa dû à ses yeux jaunes - combattre un groupe de Traces avec ses pouvoirs. De son côté, Aya, ayant pris le dessus sur Kurosawa, en ralentit cinq. Elise, ayant le contrôle de Brown, s’adresse à moi.
Elise : Tu as le Coeur de Domaine! Utilise-le et détruis les Traces!
Lorange : Quoi?! Mais…
Effectivement, le cristal est dans mes mains.
Elise : Les Traces doivent mourir, Lorange! Les cycles des sacrifices doivent cesser!
Lorange : Mais vous êtes AUSSI des Traces! Si je les détruis, nous allons mou…
Heather : Non, vous n’allez pas mourir!
Lorange : Mais… le Cœur du Domaine peut nous ramener chez nous! Si je l’utilise maintenant...
Aya : Non, non et non! Si vous retournez sur Terre, le Domaine va disparaître et les Traces vont survivre!
Rosa : Les Traces vont envahir le monde d’Adelan Alarie! C’est ce que tu veux?
Lorange : Non, mais le Domaine va quand même disparaitre si je détruis les Traces, n’est-ce pas?
Heather : Oui, car le Cœur ne peut être utilisé qu’une seule fois avant de se détruire, mais les Traces ne seront plus une menace. Tu dois les détruire, il le faut!
Lorange : Mais c’est de la folie! Je ne veux pas mourir ici!
Heather : Lorange. Je te le promets. Tu ne vas pas mourir.
Lorange : Elles disent les Traces... mais il est peut-être possible de spécifier lesquelles? Quoi que... chez moi... ma maison...
C’est le moment du choix. Vais-je détruire les Traces, sauvant ainsi de futures victimes, tout en sacrifiant notre retour sur Terre? Ou vais-je rentrer sur Terre, avec les trois Alice, tout en laissant les Traces envahir le monde d’Adelan?
J’ai fait mon choix. Je me concentre et j’utilise le Cœur du Domaine pour détruire les Traces non-conscientes.
Lorange : Ça y est, elles sont détruites. Heather, vous êtes toujours là?
Heather : Oui et j’y crois pas! J’étais prête à mourir…
Aya : Nous aussi.
Rosa : Le Domaine va bientôt disparaitre. Téléportons-nous ailleurs!
Lorange : ???
Elise : Nous pouvons invoquer des humains, alors, bien sûr, nous pouvons également les envoyer dans d’autres mondes.
Lorange : D’autres mondes? Alors…
Heather : Non. Nous ne pouvons pas vous renvoyer sur Terre, mais je connais un monde similaire. Allons-y!
Avant que je puisse répliquer, tout devient blanc. Quand j’arrive à voir quelque chose, je vois un parc pour enfants, similaire à ceux sur Terre.
D : Lorange?
Lorange : D?!
D : Oui, j’suis là… et la tête me tourne!
Kurosawa : Nous sommes nous?
Brown : On est pas sur Terre, n’est-ce pas?
Lorange : Heather?
Heather : Toujours vivante!
Soudain, une étrange fissure de lumière apparaît dans le ciel et un monstre en sort. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises quand un groupe d’enfants, deux garçons et deux filles, arrivent et combattent le monstre avec des pouvoirs surnaturels. Après qu’ils ont vaincu la créature, l’un des deux garçons, sans doute le chef, vient nous parler. Il est surpris.
Garçon : Vous avez toutes vu cette chose, n’est-ce pas? Comment est-ce possible? Seuls des enfants peuvent les voir!
Brown : Des enfants?
Garçon : Oui. T’es une Briseuse de Failles, toi aussi?
Brown : Une quoi?
Garçon : Une Briseuse… attends, si tu ne sais pas de quoi je parle… D’où venez-vous, exactement?
C’est ainsi que mon aventure était loin d’être terminée.